NKM et Maurras

Lu dans Le Point n°2076 du 28 juin 2012 :

Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre (UMP) de l'écologie et porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy,

à propos de Patrick Buisson :

"Le principal reproche que je lui fais, c'est que son objectif n'était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy.

Il était de faire gagner Charles Maurras."

Et le journaliste de renchérir :

"Bigre ... Rien de moins que la figure antisémite de L'Action française."

Je suggère à ce journaliste, et accessoirement à madame Kosciusko-Morizet, de lire l'ouvrage de François Huguenin,

L'Action française, une histoire intellectuelle

"Il n'y a pas chez Maurras, ni dans l'ensemble de la rédaction de L'Action française, une plus grande hostilité à la communauté juive qu'aux protestants, et qui sous-tendrait un racisme fondamental.

La lutte contre les Etats dans l'Etat, que Maurras n'a pas inventée, concerne également juifs, protestants, francs-maçons et "métèques" ...

Voltaire, apôtre de la lutte contre l'obscurantisme, a eu des formulations que jamais Maurras n'osera ...

Marx développe dans la question juive un antisémitisme farouche et méprisant ...

Jaurès, tout en critiquant le racisme biologique de Drumont ... parle de "socialisme nuancé d'antisémitisme" ...

Maurras lui-même écrit : "L'antisémitisme est un mal ... "

Relisons Marc Sangnier, militant social et pacifiste :

"Il y a entre le Sillon et l'Action française plus d'une idée commune ... une société ... solidement enracinée dans la tradition ... "

"Veuillez croire, monsieur le directeur, à ma considération bien distinguée, et permettez-moi de vous redire encore quelle joie c'est pour nous d'avoir trouvé à l'Action française une maison où l'on a la force de penser et le courage de dire ce que 'on pense ... Combien d'amis, hélas ! ne valent pas des adversaires tels que vous."

"La lecture de l'Action française du 15 août dernier m'a été vraiment très profitable ... c'est pour moi une bonne fortune d'être aidé dans ce nécessaire travail de codification intellectuelle par un adversaire qui aime la vérité et qui cherche tout d'abord à voir clair."

Voilà, je pense, ce qui manque à beaucoup aujourd'hui, et à beaucoup d'hommes (et de femmes) politiques :

aimer la vérité !